en grève le 7 novembre POUR la protection de TOUTE l’enfance

A l’appel de SUD Départementaux 35, les personnels du Conseil général étaient encouragés à être en grève lundi 7 novembre « Pour la défense de l’éthique professionnelle et des missions auprès des familles mises à la rue ».

Des collègues de Fougères, St Etienne en Coglès, Vitré, St Aubin, Redon, Rennes, ont répondu à cet appel (soit 8 CDAS de représentés). La plupart sont venus au rassemblement organisé à Fougères. Une soixantaine de personnes ont manifesté jusqu’à la sous-préfecture.

Le soutien à ce mouvement s’est étendu au niveau associatif (Réseau Éducation Sans Frontières [RESF] et Droit au Logement [DAL]) et syndical (CGT et FSU).

Une délégation conduite par le syndicat SUD Départementaux 35 a été reçue par Monsieur Tourenne. En préambule à notre discussion, Monsieur Tourenne a d’abord interrogé la légitimité de SUD à l’interpeller sur un sujet qu’il considère comme politique et ne relevant pas des prérogatives d’une organisation syndicale. SUD estime que la logique gestionnaire du Département a pour conséquence une violence institutionnelle faite aux familles et aux personnels. SUD se sent pleinement concerné quand il est exigé des travailleurs sociaux et médico-sociaux de passer à des pratiques :

  • CONTRAIRES A LEUR ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE : ne plus recevoir et ne plus accompagner les familles déboutées de leur demande d’asile (insérées pour certaines depuis plusieurs années et mises à la rue du jour au lendemain) ; avoir recours aux forces de l’ordre ;
  • CONTRAIRES A LEUR DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLE : à la Protection Maternelle Infantile (FMI) de fournir des certificats médicaux pour évaluer l’état de santé (comme si être à la rue ne constituait déjà pas un risque sanitaire) qui servirait à justifier une séparation parents/enfants ;
  • DISCRIMINATOIRES : ne plus les accueillir dans les mêmes conditions que l’ensemble des usagers ;
  • ILLÉGALES : restreindre le droit des familles étrangères à des aides financières au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance (art. L111-2 du Code d’Action Sociale et des Familles), séparer arbitrairement des enfants de leurs parents (art.9 de la Convention internationale des droits de l’enfant) ;
  • MALTRAITANTES : pression hiérarchique sur les personnels, posture professionnelle insupportable à tenir, augmentation des risques psychosociaux. Monsieur Tourenne a réaffirmé les positions de l’exécutif (cf. tract du 3/11/2011 sur notre site internet) de ne plus financer les aides à l’hébergement au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et de placer les enfants selon leur état de santé.

Il a ajouté qu’il s’appuie sur les conclusions des Etats généraux, avec la demande des collègues de ne plus effectuer certaines tâches... les EG sont décidément utilisés à toutes les sauces pour tout et n’importe quoi l... et que le CG assumerait ses désengagements, en évoquant même le recrutement d’agents pour effectuer cette tâche ingrate...! Voila une occasion d’occuper les futurs services civiques peut-être ?

Pour SUD, la question essentielle est de sécuriser les pratiques dans l’intérêt des professionnels mais aussi celui des usagers du service public.

L’invasion n’aura pas lieu...

Les positions prises par le Conseil général d’Ille et Vilaine ont pour objectifs paradoxaux :

  • de montrer à l’Etat qu’il ne peut plus assumer les conséquences de sa politique (désengagement financier, réduction des places d’hébergement..). SUD souscrit à ce combat mais ce n’est pas aux familles d’en faire les frais !
  • d’envoyer un message aux réseaux de passeurs, parce qu’avoir ’une politique généreuse et offrir un service de qualité favorisent un appel d’air«  : c’est bien illusoire I Comment peut-on imaginer que cela va perturber le commerce mafieux des passeurs ï D’autre part, statistiquement, il n’y a pas de rapport entre l’évolution du mode d’accueil des demandeurs d’asile et leur »affluence*. Et enfin, c’est nier les raisons qui poussent ces personnes à quitter leur pays : besoin réel d’une protection, plutôt que profiter de l’hospitalité de nos campagnes.

En tout cas, cette « solution » de régression générale du respect des droits de ces personnes, malgré sa vacuité, n’en a pas moins des effets déplorables.

Par contre, intentionnellement ou pas, ces mesures ne peuvent que dégrader la relation de confiance que ces familles ont avec les CDAS. Ainsi, même si certains droits sociaux restent ouverts à tous sans condition de régularité (ASE, PMI, aides financières), si le seul fait de les solliciter peut générer des inquiétudes, ces droits ne seront à terme plus effectifs.
Finalement, il ne sera pas nécessaire de les supprimer : il suffit de créer les conditions de leur non-sollicitation !

SUD a remis à Monsieur Tourenne 4 courriers de familles, transmis par RESF Fougères, demandant à bénéficier d’aides à l’hébergement au titre de l’ASE. Nous demandant s’il fallait qu’il leur réponde, nous avons considéré que cela pouvait rentrer dans le cadre des positions qu’il affirme vouloir assumer...

Depuis juin SUD demande une discussion sur le sujet au vu des consignes aberrantes gui leur sont données oralement Pour toute réponse, le Président du Conseil général s’est engagé à fournir des consignes écrites avant fin novembre.

En attendant, SUD appelle TOUS les personnels du CG à s’interroger et refuser ces pratiques, à être solidaires et déterminés, à respecter le Code d’Action Sociale et des Familles et la Convention Internationale des droits de l’enfant !