LPCG n° 193 : Les boucs émissaires

éditorial du n° 193

LPCG n° 193

Et voilà, c’est parti ! La campagne présidentielle de 2017 est bien lancée ! Et sur les chapeaux de roues ! Avec une thématique déjà bien rodée mais que l’on va nous resservir une nouvelle fois encore : l’austérité avec son corollaire, la réduction drastique des déficits publics.

Et chaque candidat, déclaré ou potentiel, y va de sa méthode. Après les passages en force version 49-3 du gouvernement de Valls, François Fillon nous promet ni plus ni moins qu’une « blitzkrieg » (la guerre-éclair théorisée et pratiquée par l’armée allemande en 1940) pour appliquer ses réformes pendant l’été 2017.

A côté de cette réjouissante perspective guerrière, Emmanuel Macron ressemble presque à un pacifiste animé des meilleures intentions. Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, son programme économique et social, même soutenu par des élus estampillés « de gauche », n’a rien à envier à celui de son concurrent « de droite ». La pilule sera seulement un peu moins amère à avaler.

Nous attendons les autres programmes avec impatience mais nous pouvons déjà imaginer que les fonctionnaires seront désignés comme responsables de l’état du pays.

Nous assistons déjà à la privatisation du service public. La méthode est rodée : on organise son dysfonctionnement pour justifier son abandon et son externalisation avec les risques de dégradation de la qualité, de la sécurité... A force de rationalisation et de regroupement (au nom de la performance !), temps et moyens manquent aux agent.e.s pour accompagner les personnes ou suivre leurs dossiers. Les services publics s’éloignent de plus en plus des usagers (par la magie d’internet et de la dématérialisation notamment) et sont plus que jamais menacés.

Pourtant, la cohésion sociale, que tout dirigeant politique appelle de ses vœux, ne peut exister sans une fonction publique digne de ce nom. Nous ne pouvons pas demander une éducation de qualité, des hôpitaux et des services sociaux efficaces ou des routes en bon état, sans s’en donner les moyens humains et financiers.

La fonction publique et les services publics sont une richesse pour le pays pourvu que l’on ait la volonté politique de les défendre. Nous ne pouvons les laisser se détériorer sans prendre le risque d’abandonner une partie de la population, la plus fragilisée. Il nous faut donc exiger des candidats à l’élection présidentielle qu’ils œuvrent pour une véritable société démocratique, juste et égalitaire.