LPCG n° 180 : « Matin Brun ? »

éditorial du n° 180

LPCG n° 180

Si on en croit les sondages, le Front National arriverait en tête des élections départementales de mars prochain. Cette triste perspective doit nous rappeler que l’histoire est faite de répétitions et que l’ascension des extrémismes populistes repose sur les mêmes ressorts : un contexte économique difficile, un discrédit des adversaires politiques et l’émergence d’un racisme ordinaire. En prônant le repli national face aux politiques européennes, en stigmatisant certaines minorités comme responsables de la crise, en usant de politiques sécuritaires et de préférence nationale pour répondre aux problèmes de société, le FN tente par tous les moyens de récupérer le désespoir de la population.

Ne nous y trompons pas, sa prétendue défense des services publics, ruraux notamment, est bien loin des valeurs d’universalité et de cohésion sociale qui en sont les piliers aujourd’hui ! Espérons que demain ne préfigure pas « Matin brun », l’ouvrage de Pavloff qui décrit la montée d’un état totalitaire derrière la banalisation des discours populistes et la résignation face au recul des libertés publiques…

Pendant ce temps, Alexis Tsipras, nouveau leader de la Grèce, se démène pour trouver un nouvel accord de négociation de la dette avec la fameuse troïka (BCE, Commission européenne et FMI) dont la vision dogmatique de la réduction des déficits, se montre insensible à l’ampleur des réformes d’austérité et des conséquences sociales sur le peuple grec. Cette volonté de renverser la logique de sacrifice en sursaut de dignité est d’autant plus périlleuse qu’elle s’attaque de front aux intérêts financiers qui dictent désormais les institutions européennes, de plus en plus éloignées de l’Europe des peuples.

Quels espoirs alors pour demain et la jeunesse, si les nationalismes et les diktats du monde financier, ennemis de la démocratie, s’installent dans nos sociétés ? Qu’en sera-t-il des systèmes de protection sociale et de solidarités basées sur des valeurs d’égalité et de fraternité si la société est clivée et si tous les choix sont dictés par le coût financier ?

A la veille de rendez-vous électoraux importants, SUD Solidaires affirme sans ambiguïté sa volonté de lutter contre le péril fasciste, ennemi des travailleurs. Il y a urgence à sortir ensemble de cette période trouble et à ré-enchanter le monde en rassemblant les peuples autour d’une volonté commune, celle de mettre l’humain au cœur de nos sociétés par une véritable répartition des richesses et un investissement du terrain social dans nos quartiers, nos entreprises, nos services publics et nos écoles.