LPCG n° 171 : « une guirlande... mais pas de cotillons ! » - tribune libre : l’oppression des femmes au CG 35

éditorial du n° 171

LPCG n° 171

Les résultats du premier tour des élections municipales ont confirmé toutes nos craintes. Les politiques sociales catastrophiques menées par la droite, puis poursuivies par le PS de retour au pouvoir, ont précipité une grande partie des électeurs dans les bras de l’abstention ou, pire, du FN qui retrouvera au moins un « laboratoire » pour ses idées nauséabondes (voir page 4 du LPCG). On ne peut s’en réjouir mais espérer que la gifle magistrale infligée au gouvernement à travers ses élus locaux l’amènera à changer rapidement de cap et pas seulement de têtes.

Pour notre collectivité, ces élections ne seront pas non plus sans effets collatéraux (*). Des récentes déclarations du 1er ministre annonçaient un prochain démantèlement du Département au profit de Rennes Métropole avec le transfert intégral de ses compétences sur ce territoire, sur le modèle du Rhône. Mais qu’en sera-t-il après le remaniement ? Nous ne manquerons pas d’en échanger avec le Président lors d’une prochaine rencontre.

Pour celle du 18 mars, qui s’est déroulée dans les locaux de SUD, nos préoccupations étaient plus immédiatement centrées sur les conséquences d’une politique managériale calamiteuse et sur un dialogue social en panne qualitativement malgré une explosion du nombre de réunions.

SUD a procédé à un « enguirlandage » du Président avec les post-it adressés par les agents mais a aussi réaffirmé sa volonté d’un dialogue constructif, sans être dans la cogestion mais dans son rôle de force de proposition. Un recueil des post-it a été édité et est en ligne sur notre site.

Comme souvent, le Président s’est montré attentif et ouvert aux échanges. Mais il reste maintenant à transformer les intentions autrement que par la rédaction d’un protocole du dialogue social, élaboré en "mode projet" et "charte" à la sauce managériale...

(*) Parmi eux, la disparition de la liste du PS à Rennes, après la fusion avec celle EELV/Front de gauche, d’un permanent de la section CFDT tenté par le bon côté du manche...


tribune libre : l’oppression des femmes au Conseil général 35

Le 8 mars, journée internationale de lutte des femmes, ne doit pas être une journée sans lendemain.

Plus que jamais, elle doit s’inscrire dans une dynamique de mobilisations, de luttes et de revendications des femmes, ici et partout dans le monde, pour faire reculer le système patriarcal et obtenir l’égalité, aussi bien au travail, dans la famille que dans la société toute entière !

Pour s’indigner, il n’y a malheureusement pas besoin de regarder trop loin... Ci-dessous, le témoignage et l’analyse d’une collègue syndiquée SUD travaillant pour le Conseil général d’Ille et Vilaine.

tribune libre

Cet écrit pour dénoncer la subtile mais persistante Oppression des Femmes au Conseil Général 35.

Ma prise de conscience s’est faite progressivement à partir de la question de l’évolution de la gestion des effectifs, de l’évolution du management et de la gestion des temps partiels depuis quelques années et du constat que la situation devient de plus en plus tendue depuis quelques mois.

Nous avons tous que les temps partiels sont sollicités par les femmes, au moins à 80%.

Je constate que le temps partiel devient particulièrement « un exemple typique d’un outil de chantage et d’oppression » faite par la Direction aux femmes, dans le contexte économique actuel.

Nous ne sommes plus au « débat Femmes contre les Hommes » mais à une période où l’oppression continue et affecte tout le monde mais particulièrement les femmes, de mon point de vue.

Je reprends donc mon témoignage.

Je vois, depuis 2 ans dans les CDAS, les responsables (qui sont souvent des Femmes Cadres) obligées par la Direction de demander aux secrétaires de réduire leur temps partiel à 90% au lieu de 80% en mettant les personnes en concurrence entre elles pour hiérarchiser leurs besoins personnels et instaurant le chantage affectif pour hiérarchiser le droit au temps
partiel avec la phrase suivante : « pensez à celle qui n’en n’a jamais eu ! » .

Je vois des collègues ne faisant pas de recours devant le refus de leur Chef, atteintes par la culpabilité ou parce qu’elles sont isolées ou pas assez bien informées de leur possibilité de recours. La plupart ont intégré psychologiquement « le refus du Chef » et ne revendiquent plus rien. Elles expriment de la peur.

Je vois des temps partiels accordés à 80% que sous condition de la présentation d’un dossier médical conséquent ou la nécessité d’expliciter sa situation personnelle de façon indigne.

Je vois des temps partiels compensés pour certaines catégories de personnel et pas pour d’autres. Alors que nous savons tous que le temps partiel n’est pas un cadeau que nous fait l’Administration mais un vrai engagement budgétaire personnel pour les salariés qui le sollicitent (question : que fait l’administration de cette charge financière ainsi libérée ?).

J’ai vu des postes accordés sous réserve que l’Agent du Conseil Général ne sollicite pas de temps partiel .

Je vois la suppression de « Référentiel de travail » afin de permettre à l’Administration de dissimuler plus facilement la réalité d’un surcharge de travail réelle. Ce qui sert cependant d’argument au Responsable de service (logique !) pour émettre un refus devant les demandes de temps partiel à 80%.

Je vois des collègues à temps partiel « pleurer sous la charge » mais ne pouvant pas dénoncer cette surcharge ou les heures supplémentaires faites, car il y a un risque qu’on leur demande de reprendre à temps plein.

Je sais que les demandes de renouvellement de temps partiel actuelles sont ajournées et nous pouvons craindre que « leur réponse refus total ou partiel » sera la variable d’ajustement du manque de personnel dans quelques semaines, faute d’embauche pour faire face à la surcharge qui n’est plus supportée.

Je vois de plus en plus de collègues cadres et non cadres qui « craquent » et n’ayant comme seul recours que « les arrêts maladies ».

J’ai entendu des responsables de service dire que ces mêmes personnes ne souffrent que parce qu’elles ont « des fragilités personnelles », même si le contexte de Surcharge est avéré.

Parlons aussi de ces agents qui doivent travailler de plus en plus souvent sur plusieurs CDAS ou plusieurs sites à la fois mais à qui on n’accorde aucune souplesse dans leur emploi du temps.

Je vois les métiers qui perdent de leur sens faute de moyens, alors qu’apparaissent sur leurs fiches de poste les mêmes missions et que les attentes de Qualité du Service Rendu sont surdéveloppées autant par l’Administration que les Politiques (Voir le projet Départemental).

Je vois le silence et la solitude dans lequel les femmes sont enfermées et qui subissent « la loi du plus fort » :

  • un management culpabilisateur et disqualifiant,
  • une Administration parlant « de bien-être au travail » mais qui à la première occasion réfute nos besoins, mettant son personnel en position infantilisante, mettant en valeur l’image de la femme forte qui peut tout assumer à 110%, voir à 150% et qui doit se taire, n’intégrant pas la vulnérabilité comme une nécessaire réalité humaine. En effet, ressortir l’histoire « du maillon faible » dispense de s’interroger sur le contexte.

Je vois que je ne peux pas me taire devant tout cela.

C’est une situation d’oppression dont il faut prendre conscience et qu’il faut dénoncer.

Je revendique que le temps de travail des femmes ne soit pas imposé aux Femmes (même si des règles sont nécessaires) ; on pourrait « parler de temps choisi ».

Elles seules peuvent fixer leur niveau de saturation et leur temps nécessaire de travail.

Elles seules peuvent savoir le temps et l’espace qu’il leur faut pour gérer leurs différents rôles dans la société (femme, travailleuse, mère, grand-mère, citoyenne, etc.) et garder leur équilibre.

Je réclame une prise en compte de ces besoins et la mise en place de moyens pour que les Femmes ne soient pas victimes du contexte actuel.

Se taire profite au pouvoir.

Femmes unissez-vous et réagissez, ne vous laissez pas faire !

Hommes dont les femmes travaillent à temps partiel ou qui travaillent à temps partiel, rejoignez- nous !

femme de 58 ans salariée du Conseil Général